Suicides à La Poste : des mesures pour désamorcer la crise

Confronté à une vague de suicides, La Poste va engager des mesures pour renouer le dialogue avec ses salariés et surtout comprendre les raisons de leur malaise professionnel. En jouant la carte de l’ouverture et de la réactivité, la direction de l’entreprise souhaite éviter à tous prix les erreurs de communication commises en d’autres temps par les dirigeants de France Telecom.

Eviter par tous les moyens le syndrome France Telecom : le premier opérateur national avait dû faire face à une quarantaine de suicides de salariés entre 2009 et 2011. Une situation qui avait donné lieu à un dérapage verbal de son P-DG de l’époque, Pierre Lombard qui, en panne de solutions, avait eu la sinistre idée de parler d’une « mode du suicide ». Tollé.

Extrême tension

Si La Poste n’en est pas encore là, la situation n’est pas moins préoccupante : trois agents, dont deux cadres, se sont donné la mort ces six derniers mois. Les deux derniers à moins de quinze jours d’intervalle. A chaque fois, le drame s’est passé sur leur lieu de travail, et à chaque fois également, les victimes ont exprimé dans un courrier la réalité de leur mal être professionnel.

La direction du groupe est trop consciente de l’extrême sensibilité de cette situation pour jeter de l’huile sur le feu, d’autant que les syndicats affirment avoir reçu plusieurs témoignages de salariés déclarant s’être reconnus dans le malaise social de leurs collègues décédés.

L’entreprise, qui prévoit une baisse de son activité courrier jusqu’en 2015, a mis en place un programme de restructuration qui se traduit notamment par des suppressions de postes et de nouvelles méthodes de travail et de management qui ont du mal à passer dans les différentes agences postales.

Des ajustements mais pas de « pause »

Après l’émotion et un temps nécessaire consacré au recueillement, la direction de La Poste a procédé aux premières analyses de cette crise et promis d’ouvrir très prochainement un grand dialogue social avec l’ensemble de ses salariés.

Le PDG de La Poste, Jean-Paul Bailly, est même allé plus loin ce lundi en annonçant, sinon une pause, du moins de possibles « ajustements » dans les réorganisations en cours, notamment en assouplissant le calendrier du plan, alors que certaines organisations syndicales réclamaient un moratoire pur et simple.

Trois autres décisions ont été prises pour faire baisser la pression : l’organisation d’un « grand dialogue au niveau national et local jusqu’au 15 septembre », la mise en œuvre d’un « cycle rapide de négociations pour aboutir à un train de mesures concrètes d’ici le 30 avril » et un « report de six mois du déploiement de l’actionnariat salarié ».

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