Des clés USB publiques pour partager des données

Plus qu’un périphérique de stockage, les clés USB deviennent des outils d’échange. Toute personne qui veut partager des fichiers peut en implanter une dans des lieux publics et participer ainsi à une initiative originale.

La démarche d’un artiste allemand a inspiré une association du Plateau de Millevaches. Fin 2010, il a implanté une clé USB dans un mur à Brooklyn. Son objectif : échanger des données sans contraintes avec le plus grand nombre. Adapté avec des outils d’aujourd’hui, il a calqué sa démarche sur une pratique des services secrets pour l’échange d’informations confidentielles, le « dead drops », ce qui signifie « boite aux lettres morte ». Il suffisait de connaitre l’endroit où déposer et/ou récupérer ses documents.

Avec la clé USB, c’est la même logique. L’initiative a trouvé des partisans un peu partout sur la planète et des clés ont été installées à travers le monde, de Barcelone à Sydney. Echanger des données tout en évitant les contrôleurs du web, voici l’un des avantages de ce système. L’esprit du projet réside aussi dans le fait que n’importe qui puisse avoir accès à la clé. Elle doit donc être installée dans un lieu accessible à tous et non dans le hall d’un immeuble, par exemple. Les nouvelles technologies investissent ainsi la ville et la rue devient un nouvel espace de partage et de connexion entre les citoyens. Le projet étant mondial, la connexion à Internet reste tout de même indispensable pour connaître la localisation des clés.

L’association des Ateliers du Plateau basée près de Peyrelevade a été séduite par l’initiative et a souhaité y participer. Elle a pour projet de mettre en valeur le plateau de Millevaches à travers les arts et la culture. Sa dernière initiative a été de concevoir un abécédaire pour mieux faire connaitre la région. Et dans l’esprit des « dead drops », elle a scellé une clé USB comprenant son abécédaire dans un rocher. Si la démarche a plu à l’association, c’est aussi parce que la région est un haut lieu de la résistance et que les résistants usaient également de stratagèmes complexes pour échanger des informations. Celui qui installe la clé offre des données, mais celui qui s’y connecte peut aussi participer à l’échange en transmettant d’autres fichiers. Les membres de l’association sont curieux de découvrir ce qui va être déposé sur leur clé.

Il existe des modes d’emploi pour installer une clé USB dans un lieu public et en faire un « dead drops ». Côté pratique, on nous apprend qu’il faut utiliser un mortier à prise rapide pour fixer la clé dans un trou ou une fissure de mur et qu’après installation, il faut rendre le mur aussi propre que possible et même retoucher le crépis avec de la couleur… La discrétion est importante dans le projet. Même si, en ville, après quelques utilisations, le voisinage remarque forcément le petit périphérique qui pointe le bout de son nez. Une personne collée au mur avec son ordinateur portable ne passe pas inaperçu…

Qui  aurait pensé que les clés USB, petits objets pratiques s’il en est, soient au centre d’un projet culturel, artistique et en marge du système où chacun peut apporter sa contribution, faire découvrir un groupe de musique ou un livre.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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