Internet : les éditeurs veulent faire suer des millions à Google

Le projet d’une taxe frappant Google pour compenser les pertes de droits d’auteurs dont les éditeurs de presse s’estiment victimes, refait surface. L’idée fait même son chemin dans les couloirs de l’Elysée : François Hollande y serait favorable.

Prenez le support numérique le plus fréquenté du monde, Google, qui relaie « gratuitement » des articles de presse en raquant au passage de copieuses recettes publicitaires. Prenez, de l’autre côté, des patrons de journaux en quête d’argent qui, pour faire bonne mesure, voudraient leur part de ce volumineux gâteau.

Qui a raison ? Qui a tort ? Qui est légitime ? Qui ne l’est pas ?

La presse à la recherche d’un nouveau modèle économique

C’est toute la problématique de la taxe Google, un vieux serpent de mer rabâché par ceux qui s’estiment lésés par le système internet.

Frappée de plein fouet par la crise et la perte de vitesse du modèle papier, les éditeurs de presse mènent la fronde.

Leur argument ? Les articles diffusés par Google drainent du trafic sur lequel le moteur de recherche capitalise pour se tailler « 1,2 milliard d’euros de revenus publicitaires », quand la presse en ligne n’en récolte que « 200 millions » (source : Association de la presse d’information politique et générale).

Ce que souhaitent les médias français, c’est rééquilibrer la balance. Pour cela, ils prônent la mise en place d’une taxe, ou d’un droit payant dont s’acquitterait Google pour en reverser le produit aux organes de presse.

L’idée paraît simple mais elle est épineuse. Google a des arguments pour sa défense et brandit la menace d’un déréférencement des sites d’information (dont les titres et les chapeaux apparaissent dans les pages actualités régulièrement mises à jour par Google).

Même certains médias ne sont pas chauds à l’idée de taxer Google, en ce qu’elle créerait vis-à-vis des éditeurs une dépendance économique qui s’ajouterait à une dépendance technique.

Au gouvernement, la ministre de la Culture Aurélie Filipetti y est favorable mais le dossier est lourd car il nécessiterait de refondre toute la législation sur les droits d’auteur, un chantier qui ne figure évidemment pas au rang des priorités du mandat socialiste, sans compter qu’il donnerait sans doute lieu à des passes d’armes judiciaires.

François Hollande favorable à une « taxe Google »

Le Chef de l’Etat semble pourtant favorable au projet : «Il connaissait bien le dossier et il nous a affirmé qu’il soutiendra l’adoption d’un texte de loi dès janvier 2013» rapporte, par la voix de la ministre de la Culture, le journal Le Figaro.

La ministre de l’Economie numérique jouerait plutôt la carte de la prudence.

Une vie sur Internet peut-elle exister sans Google ? Oui, à en croire le modèle brésilien. Là-bas, 90% des titres de la presse nationale ne sont plus référencés dans Google News, faute d’avoir trouvé un accord financier avec le géant nord-américain. Pour générer des revenus, les titres brésiliens ont lancé un modèle identique à celui étrenné par le New York Times : un accès gratuit limité.

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