Déportation des Juifs et SNCF: des excuses sous la contrainte ?

Pour la première fois, la SNCF a fait des excuses solennelles à propos du rôle qu’elle avait joué dans la déportation des juifs au cours de la deuxième guerre mondiale. Un mea culpa obtenu sous la pression… commerciale des Etats-Unis.

Le sujet est suffisamment grave pour ne pas le noyer dans la polémique.
Et pourtant : à défaut d’apaiser les consciences, les excuses formulées début novembre par le président Guillaume Pépy, au nom de la SNCF, à propos du rôle que l’entreprise française de transport avait joué dans la déportation des juifs pendant la seconde guerre mondiale, a réveillé de vieux démons et suscité la défiance chez les syndicats de cheminot envers les Etats-Unis qui réclamaient de longue date ce mea culpa.
Jusqu’ici, la SNCF s’était, sans pourtant jamais se défausser ni se désengager de sa responsabilité historique, toujours refusé à faire acte officielle de repentance, arguant que l’entreprise avait agi sous le joug de l’occupant nazi.
Mais des intérêts économiques ont, semble-t-il, rattrapé le devoir de mémoire : les Etats-Unis ont ainsi ouvertement menacé le groupe français de –  s’il ne battait pas sa coulpe de façon officielle – lui refuser l’accès à des appels d’offres portant sur la construction d’une ligne ferroviaire de 130 km en Floride.
Un élu démocrate, Ron Klein, a même déposé un projet de loi en ce sens visant à obliger les entreprises souhaitant répondre à des appels d’offres à reconnaître leur responsabilité éventuelle dans la déportation des juifs entre 1942 et 1944.

2. Lieu de mémoire

Sous la pression, Guillaume Pépy à cédé et a, en marge de la présentation des projets en lice pour la ligne Tampa-Orlando (Floride), envoyé aux élus américains et à des associations juives un document attestant de sa «profonde peine» et de ses «regrets» pour les conséquences des actes de la SNCF « effectués sous la contrainte de la réquisition ».
Des excuses qui, pour certains autres détracteurs, permettront à la SNCF de concourir dans un autre appel d’offres concernant, cette fois, la construction d’une liaison Sacramento-Los Angeles en Californie où des élus américains souhaitaient jusqu’alors boycotter l’entreprise française.
Dans un communiqué, la Fédération CGT des cheminots s’est interrogée sur « les réelles motivations qui poussent les États-Unis d’Amérique à être si pointilleux avec un des pays en Europe qui a le plus souffert du nazisme ».
Dans la foulée, Guillaume Pépy a annoncé qu’il envisageait d’installer un lieu de mémoire près de la gare de Bobigny, d’où partaient les convois transportant les prisonniers du camp de Drancy.

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